"Emmett Till"
Mercredi 22 mars 2023
Projection du film "Emmett Till" de Chinonye Chukwu le mercredi 22 mars 2023 à 14 heures et 20h30. Tarifs : 5.50€ / 4.50€ (adhérents MJC).

Fiche du film :
Drame, biopic américain
Réalisé par Chinonye Chukwu
Durée : 2h10 min
Avec Danielle Deadwyler, Jalyn Hall, Whoopi Goldberg
L'histoire :
D'après une histoire vraie.
Jeune veuve élevant seule son fils de 14 ans, Mamie Till-Mobley est aussi l'unique femme noire travaillant pour la US Air Force à Chicago. Quand Emmett est assassiné parce qu'il aurait sifflé une femme blanche dans le Mississippi de 1955, Mamie bouscule les consciences en insistant, lors des obsèques, pour que le cercueil de son fils reste ouvert et que l'opinion publique comprenne l'horreur qu'il a subie. Un geste fort pour refuser l'oppression et la haine. Elle cède également au magazine Jet les droits exclusifs de publication des photos de son fils mutilé, si bien que le monde entier s'émeut de ce lynchage particulièrement atroce.

Avec courage, Mamie Till s'engage dans le mouvement des droits civiques et devient une militante active pour la NAACP, principale organisation de défense des Afro-Américains, réclamant davantage de justice sociale et d'accès à l'éducation pour la communauté noire.
Quelques anecdotes sur le film :
Note d'intention
Malgré son titre, Emmett Till s'attache avant tout au parcours de sa mère, Mamie. La réalisatrice Chinonye Chukwu décrit son film comme "une histoire d'amour" :
"En dépit de la souffrance et du chagrin, il était essentiel pour moi d'axer le récit sur l'affection profonde qui unit Mamie et Emmett. Le style cinématographique et la tonalité d'Emmett Till s'appuient sur un équilibre entre le deuil en l'absence d'amour, le chagrin inconsolable en l'absence de joie, et l'évocation de la communauté noire confrontée à la mort déchirante d'un enfant. 
J'espère que le spectateur sera sensible à l'humanité des personnages à l'écran et saura repérer les réalités culturelles et politiques actuelles de notre société dans ce film. Et j'espère que la trajectoire de Mamie nous permettra de prendre conscience de la force qui est en nous pour poursuivre le combat pour la justice et le changement, tout comme elle s'en est elle-même emparé."
Quant à l'actrice Danielle Deadwyler, elle espère que le film poussera les spectateurs à ne plus agir de façon individualiste :
"On a bien vu que ce besoin de solidarité s'est manifesté pendant la pandémie de Covid-19, au plus fort de la crise climatique et au moment où tant de questions socioculturelles – raciales, liées au genre et à la sexualité – divisent nos sociétés. Si dans ces circonstances on ne pense qu'à soi, c'est qu'on n'a rien compris au sens de notre passage sur Terre. J'espère donc que les spectateurs garderont cela en tête après avoir vu le film".
Parti pris
Chinonye Chukwu a pris le parti de ne pas représenter la violence physique envers les Noirs à l'écran car cela représente pour elle "une forme de complaisance" :
"Le film commencera par des moments de joie et terminera sur des moments de joie. On a besoin de voir de la joie à l'écran". Il était vital pour elle de représenter la communauté noire, en particulier les femmes, sans chercher à exploiter leurs traumatismes et leur souffrance.
Mamie Till-Mobley

Mamie Elizabeth Till-Mobley (née Mamie Elizabeth Carthan le 23 novembre 1921 et décédée le 6 janvier 2003) était enseignante et militante. Née dans le Mississippi, elle a emménagé dans la région de Chicago avec ses parents à l'époque de la Grande Migration afro-américaine. Elle était la mère d'Emmett Louis Till, assassiné dans le Mississippi le 28 août 1955 à l'âge de 14 ans, après avoir eu un comportement soi-disant « inapproprié » avec Carolyn Bryant, caissière blanche d'une épicerie du coin. Mamie a pris la décision de laisser près de 50 000 personnes apercevoir le cadavre de son fils à Chicago lors de son enterrement à cercueil ouvert, et a autorisé le magazine Jet à publier les photos du corps, afin de montrer les mutilations qu'il avait subies. Après le meurtre de son fils, elle est devenue enseignante et militante au sein du mouvement pour les droits civiques. Au cours d'un discours vibrant à Montgomery, dans l'Alabama, quelques mois après les obsèques d'Emmett, Martin Luther King Jr. a déclaré :
"[Ce qui s'est passé] est l'un des crimes les plus atroces et les plus inhumains du XXème siècle".
Un film indispensable

Pour Whoopi Goldberg, actrice et productrice du film, Emmett Till est un film très actuel, qui aurait dû être produit il y a des années :
"On n'en serait peut-être pas là aujourd'hui. Mais à présent, le film existe et les gens iront le voir. C'est une sorte de mise en garde pour nous tous. Si personne ne dit rien, cette situation perdurera. Car on se dit qu'il n'y a plus de racisme d'État, mais c'est faux. Par conséquent, ce film est d'une importance capitale, et plus encore aujourd'hui, car il fait partie intégrante de l'histoire américaine et non de l'histoire afro-américaine".
Spirit Clanton, docteure en psychologie et consultante agréée, qui a été consultante sur le tournage, renchérit :
"Il y a ainsi des générations entières de gens qui subissent des traumatismes intergénérationnels qui doivent être pris en charge à chaque époque. Du coup, quand on se penche sur les thèmes abordés dans ce film, il s'agit de traumatismes, de racisme, de violence et on a tendance à se dire qu'ils sont circonscrits à une période de l'histoire. Mais ce que la plupart des gens ne comprennent pas, c'est qu'il y a encore beaucoup de Noirs Américains qui se battent aujourd'hui pour survivre".
Avis de la presse :
"Dans le rôle de la mère d'Emmett, qui insista, à l'époque, pour laisser ouvert le cercueil de son fils afin que la population réalise la brutalité de ce qu'il avait subi, s'illustre une excellente Danielle Deadwyler. Presque quarante ans après La Couleur pourpre, Whoopi Goldberg joue, cette fois, la grand-mère... Un film d'intérêt public." (Rolling Stone - Xavier Bonnet)
"Ce film à la mise en scène classique, didactique sans excès, restitue utilement l'atmosphère du sud des États-Unis dans les années 1950, l'impunité des assassins et le quotidien de terreur pour les Noirs." (La Croix - Corinne Renou-Nativel)
"La phrase que Mamie chuchote au cadavre exhibé de son fils pendant les funérailles – « Désormais, tu n'es plus seulement mon Bo à moi » – lie l'acte de montrer avec l'idée d'un renoncement à l'intimité au profit de l'intérêt public. Elle a valeur de manifeste pour un film dont la visibilité est la principale mission."(Cahiers du Cinéma - Valentine Guégan)
"Le film est un peu démonstratif, mais l'effet est bouleversant. On reste stupéfait de tant d'horreur, et d'une telle bonne conscience des barbares." (L'Obs - F. F.)